Dimanche 06 décembre 2020

Lire l’évangile de St Marc


A elle seule, la lecture liturgique chaque dimanche peut donner l’impression qu’un
évangile n’est qu’une simple juxtaposition d’épisodes. Lire un évangile en entier fait découvrir
la richesse du récit. En ce deuxième dimanche de l’Avent, nous allons commencer la lecture
de l’évangile de St Marc qui va nous accompagner au long de cette nouvelle année liturgique.
L’évangile de St Marc est un évangile déroutant… à l’image de l’attitude de Jésus.
Pourquoi celui-ci impose-t-il le silence à ceux qu’il vient de guérir ? Pourquoi interdit-il à
Pierre, qui vient de reconnaître en lui le Christ, d’en parler ? Bien que choisis par Jésus et bien
qu’ayant tout laissé pour le suivre, les disciples ne sont pas longtemps présentés sous leur
meilleur jour : plus le récit avance, plus leur inintelligence, leurs peurs, leurs manque de foi,
leurs faiblesses sont mis en lumière. Au moment de l’arrestation de Jésus, ils l’abandonnent
tous et s’enfuient. Pierre dans la cour du grand prêtre le renie.
Si la prédication de Jésus a pour thème principal la proximité du Règne de Dieu, si son
enseignement manifeste son autorité, il doit faire face cependant au rejet de la part des
autorités juives et à l’incompréhension de ses disciples. L’itinéraire de Jésus qui prédit la
venue du Fils de l’Homme dans la gloire à la fin des temps, passe paradoxalement par la
souffrance et la croix : là abandonné des siens, moqué par tous, Jésus se sent abandonné
même de Dieu ! Et pourtant, n’est-il pas le Fils Bien Aimé ?
Ce n’est qu’au pied de cette croix, une fois mort qu’il peut être vraiment reconnu par un
homme le centurion romain, un païen de surcroît, comme le Fils de Dieu.
Même le dernier chapitre qui raconte l’annonce de la résurrection aux femmes venues
au tombeau est déconcertant par sa manière abrupte de clore le récit : les femmes s’enfuient
du tombeau et ne disent rien car elles avaient peur (16, 8).
Un tel évangile ne peut nous laisser indifférent. Il nous provoque à nous interroger sur
notre confession de foi et sur notre manière de vivre en disciple du Christ mais, en même
temps, il nous rejoint dans notre fragilité, dans nos peurs, nos incompréhensions devant le
mystère de la foi. Le portrait du disciple en Marc dans lequel nous pouvons nous identifier
nous oblige à une certaine lucidité sur nous-même mais en même temps, il nous encourage à
la fidélité : ce sont des êtres limités et fragiles que Jésus appelle et malgré leurs défaillances, il
continue de leur faire confiance: un échec dans la suite du Christ n’est jamais définitif. La
figure de Pierre est de ce point de vue exemplaire.


P. Philippe Léonard

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